Jane Senfield • Leave Me Out With The Waste {U.C.}

« Qui sait, je serai peut-être exceptionnellement généreuse aujourd’hui… »

La jeune femme ferma les yeux et laissa les lèvres de Liam ré-agripper les siennes alors que leur nez se frôlait doucement. Ses mains jouaient naturellement dans les cheveux du jeune homme alors qu’elle laissait son subtil parfum lui emplir les narines. C’est incroyable comment une odeur peut avoir un pouvoir si puissant sur quelqu’un. Inconsciemment, Marieke associait ses effluves de shampooing et de fraîcheur au bien-être, et à la sécurité. Aux nuits passées, tout simplement nichée dans les bras de Liam à respirer son odeur pleinement, alors qu’elle se trouve dans cet état entre rêves et réalité. Le moment où le jeune homme prend tout le poids de sa journée et de ses problèmes pour la laisser s’endormir tranquille et légère. Cette odeur banale comme tout lui rappelait lui, simplement. Tout allait tellement mieux quand ils étaient ensemble. Il était là pour la supporter, la garder loin de la souffrance et de la douleur, la protéger de ses problèmes en l’entourant de ses bras. Un proverbe, ou dire populaire, peu importe, dit que souvent, on marie la copie de son père. Que l’on recherche l’odeur de notre paternel chez celui qu’on aime, ou que c’est cette dite odeur qui nous attire vers l’autre, bien avant les sentiments. Marieke ignorait si c’était vrai, mais une chose était sûre. Être avec Liam était l’équivalent d’être chez-soi. Ils avaient beau être dans un restaurant ou un cinéma bondé, elle se sentait toujours comme s’ils étaient seuls au monde, que eux deux, comme si rien ne pouvait les atteindre, et que rien ne pouvait venir briser la magie de ses moments si spéciaux, partagés. Des choses aussi anodines que de faire le ménage ou que d’aller louer une vidéo au magasin étaient, lorsqu’ils étaient ensemble, de vraies aventures. Ils n’avaient pas besoin d’extravagances ou de fantaisies pour être heureux ensemble. Ni de personne d’autre. Du moins, c’est ce que pensait Marieke, et c’est la qu’elle faisait erreur. Et le plus triste était qu’elle en était parfaitement consciente, mais qu’elle refusait de l’admettre.

Il y avait quelqu’un d’autre dans la vie de Liam, et elle en était entièrement au courant. Elle ne savait sûrement pas la vraie nature des sentiments qui liaient Liam et cette dite-personne, mais une chose était sûre, il ne pouvait s’agir de simple amitié platonique, comme il lui avait expliqué une fois, croyant que cela suffirait à calmer la seule crainte qu’elle avait par rapport à leur couple et qui l’habitait depuis les onze derniers mois. Aymara. Une jeune femme qui n’est pas moins que l’incarnation de tous les contraires de Marieke. Elle était aussi brune que la demoiselle Evzen était blonde, et ses yeux étaient aussi noisettes que ceux de la jeune femme était d’un ton azuré. Mais ces différences n’étaient pas seulement physiques. Inutile d’en faire le compte rendu exact, mais les jeunes femmes n’avaient aucun point en commun. Jusque là, ce n’est pas si grave, si ce n’est que c’est avec Liam qu’Aymara avait tout en commun. Ils avaient passés leur enfance et leur adolescence ensemble, et même si, selon les dires du jeune homme, Aymara sortait avec Noah depuis nombre d’années, Noah étant le grand-frère de Liam, Marieke n’aimait pas cette relation. Elle n’aimait pas penser que c’était à elle que son petit ami se confiait, et que c’était avec elle qu’il vivait, partageant un appartement avec l’aîné des Adams. Mais de risque de paraître trop jalouse, ou mesquine, elle n’en parlait pas à Liam, si ce n’est que de petites phrases par-ci, par-là, qu’elle prenait soin de dire d’un ton amusé, de peur de le brusquer.

Elle ne voulait pas risquer de le perdre. Elle ne pourrait se passer de lui, ou des moments qu’ils partageaient, comme celui-là. Elle aimait la façon délicate qu’il la maintenait contre lui alors qu’il l’embrassait, et sa main forte, contraste contre sa joue frêle, qui lui arrachait quelques frissons. Souriant sans rompre le contact de leurs lèvres, la jeune femme laissa glisser une de ses mains le long de la mâchoire du jeune homme, soulignant d’un doigt distrait ses traits forts et caressant ce petit début de barbe qui le rendait tellement plus attirant. Marieke aimait ce petit air mystérieux que lui conférait ses grands yeux bleus, mais son regard obscur et ses traits durs. Alors qu’elle laissait lentement glisser ses mains jusqu’aux premiers boutons de sa chemise, la jeune femme sourit, et s’amusait à éviter doucement ses baisers tout en le gardant proche de lui.

« Tu sais… Je suis vraiment contente de m’être rapprochée de toi. Le seul inconvénient, c’est sans doute d’avoir Aymara pour voisine. », dit elle en gardant leurs lèvres à quelques centimètres à peine, les laissant se frôler lorsqu’elle insistait sur certaines syllabes.

Elle sourit de nouveau, son ton amusé ne laissant pas transparaître ses sincères sentiments pour la jeune femme, mais elle sentit Liam se décollé d’elle. Le bras autour de sa taille partit, de même que cette main sur sa joue. Levant la tête pour le fixer, les sourcils légèrement froncés, Marieke vit le jeune homme reculer sans lui jeter un regard, avant de donner un coup de pieds dans la bibliothèque nouvellement installée, pour se glisser par l’entrebâillement de la porte, la laissant coi. Elle avait quelques fois faite des allusions du genre sur Aymara, et bien qu’elle sache qu’il est son ami proche, elle n’avait jamais cru que ses commentaires pouvaient le fâcher à ce point. Elle soupira et se prit la tête entre les mains un instant, avant de se pencher pour aller ranger les quelques livres qui étaient tombés. Elle réfléchit un petit lapse de temps, et finit par elle aussi sortir de sa chambre, et ne put s’empêcher d’être soulagée lorsqu’elle vit qu’il était encore là, simplement immobile dans la pièce de séjour. Elle s’approcha en silence de lui, bien décidé de ne pas le brusque de nouveau. Alors qu’elle allait s’excuser timidement, comme les autres fois où ils s’étaient chicanés, il se retourna vivement, lui agrippant le poignet et la plaquant contre le mur derrière elle.

Elle ne put empêcher de froncer les sourcils et de laisser échapper un petit grognement de douleur lorsque son dos percuta le mur avec une force quand même forte. Son poignet s’était tordit d’une drôle de manière lors du choc, mais avant qu’elle puisse prendre peur, Liam s’empara de ses lèvres avec une brusquerie qui ne lui ressemblait pas. Elle avait eu peur, et des regrets lorsqu’elle l’avait vu partir quelques instants plus tôt, sans doute brusqué par ses paroles, mais elle ne comprenait tout de même pas son attitude présentement. Jamais elle n’avait été autant terrifiée en sa présence, et la fougue avec laquelle il la gardait maintenue contre le mur l’empêchait de penser clairement. Pourtant, pour une raison qu’elle ne saurait expliquer non plus, elle ne l’empêchait pas de l’embrasser. Ses gestes faibles pour lui faire lâcher prise sur son poignet n’étaient guères convaincants et les quelques « Liam » faibles qu’elle murmurait lorsqu’il laissait quelques instants de répits à ses lèvres rougis et fatiguées ne faisaient aucun effet. Elle s’en voulait. S’en voulait de l’aimer à un point qu’elle le laissait lui faire du mal ainsi. Elle se maudissait de toute même apprécier ce contact un rien primitif et sauvage qui unissait leur lèvre, malgré la peur qui lui glaçait les jambes et lui donnait une pause statique sur le mur. Son cœur battait à la chamade, un mélange de terreur et de… désir? Recouvrant finalement ses esprits, et par le même fait, cette douleur encore présente dans son dos, Marieke détourna violement la tête, et réussit à se décoincée du mur, et de lui faire lâcher son poignée. Elle pinça ses lèvres, massant sa main endolorie, et ce fût son tour de reculer de quelques pas. Malgré la colère qu’elle voulait ressentir contre lui, pour avoir été violent, son regard n’exprimait que de la tristesse et de non-compréhension. Elle baissa rapidement les yeux au sol, et les releva d’un même mouvement pour le fixer.

« Liam… »

Elle s’interrompit, le temps de chercher ses mots. Elle respira un bon coup, et détourna vivement la tête.

« Je suis brûlée. Avec le déménagement, et… tout. Je crois que tu devrais partir, j’ai du sommeil à rattraper, et… »

À court de mot, elle finit sa phrase par une larme solitaire qui glissa le long de sa joue.

Nightmare